N'ayant pas réussi à l'époque à légitimer le CSP par cette élite religieuse, Habib Bourguiba est alors passé en force et les personnalités religieuses compétentes en la matière qui se sont opposées à lui ont simplement été écartées: intimidations, arrêt des récalcitrants, révocation de poste et mises à la retraite.
Peu de temps après, l'Université Zitouna fut démantelée par ce même Bourguiba, qui, ainsi, assassinait de sang froid la descendance de la fine fleur de notre élite religieuse; la voie était enfin libre pour asséner et insuffler cette contre-vérité "Bourguibienne" dans la tête des Tunisiens: le CSP serait un acquis du peuple tunisien, conforme aux enseignements de l'Islam et constituerait un progrès.
Sauf qu'une contre-vérité ne devient pas une vérité à force de répétitions !!
Si on suit bien les choses, Bourguiba "le théologien" aurait correctement interprété les choses : lui, seul, avait raison, nos théologiens faisaient fausse route, et d'ailleurs la majorité des élites religieuses des autres pays musulmans faisait et fait toujours fausse route !!
On a le doit d'être pour ou contre le CSP. Libre à chacun de croire ou d'affirmer qu'il constitue un progrès ou une régression sociale. Mais de grâce, n'affirmez pas, de manière légère, que le CSP est conforme au Coran et la Sunna.
Posez-vous plutôt les questions suivantes:
- Le CSP est-il conforme au Coran et à la Sunna ?
- Un musulman peut-il soutenir et encourager une loi non conforme au Coran et à la Sunna ?
- Suis-je musulman, c'est-à-dire soumis à Dieu ?
L'extrait de l'article de Jeune afrique qui suit (daté du 28/8/2006) soutient la position de Bourguiba tout en présentant les événements historiques relatifs au CSP de manière factuelle :
http://www.jeuneafrique.com/Article/LIN27086etbouemmefa0/?art_cle=LIN27086etbouemmefa0
Cette opposition du « Cheikh al-Islam », qui avait beaucoup d'autorité à l'époque, a obligé Bourguiba à interpeller, publiquement et nommément, le 7 septembre, les membres des tribunaux religieux, leur demandant de dire si le nouveau texte était conforme à la loi religieuse. Son acte d'intimidation n'a pas eu l'effet escompté, puisque treize membres des deux tribunaux supérieurs ont rendu publique, le 26 septembre, une consultation dans laquelle ils ont affirmé que le CSP contenait des dispositions condamnables, car contraires au Coran et à la sunna. La plupart d'entre eux furent révoqués ou mis à la retraite. Dans la foulée, les imams qui prononcèrent des sermons fustigeant le CSP ou des cheikhs signataires de pétitions ou d'articles critiquant celui-ci furent arrêtés. « Comme vous, je suis musulman, leur signifiera Bourguiba dans l'un de ses discours. Je respecte cette religion pour laquelle j'ai tout fait, ne serait-ce qu'en sauvant cette terre d'islam de l'humiliation coloniale Mais de par mes fonctions et mes responsabilités, je suis qualifié pour interpréter la loi religieuse. »